Le secteur alimentaire ne figure peut-être pas au premier rang des préoccupations de la plupart des gens lorsqu’ils imaginent les conséquences d’une cyberattaque, mais il s’agit d’une menace bien réelle pour toutes les parties impliquées dans l’industrie.
Un récent sondage de BSI a révélé de manière surprenante que 78 % des personnes interrogées dans le secteur alimentaire ne pensaient pas que leur organisation était préparée pour une cyberattaque. La productivité, l’efficacité et les bénéfices sont plutôt prioritaires. Pourtant, un tel assaut peut s’avérer dévastateur pour de nombreuses raisons, notamment à cause de l’automatisation croissante des processus de production et de distribution.
Les défis de la sécurité alimentaire
Les principaux défis auxquels est confrontée l’industrie alimentaire sont tous liés à la technologie numérique et aux processus émergents : l’Internet des objets (IdO), la technologie opérationnelle (TO) ou l’utilisation d’appareils connectés à Internet.
Ces défis peuvent être les suivants :
• Fraude alimentaire - tromperie intentionnelle des consommateurs sur la nature de leurs aliments, par exemple sur les ingrédients qu’ils contiennent, dans quelles quantités et leur provenance.
• Sécurité alimentaire - les aliments contaminés ou avariés peuvent souvent causer des maladies, des blessures, voire la mort. Les aliments peuvent être contaminés de plusieurs manières, notamment par une exposition délibérée à des bactéries, toxines, produits chimiques ou virus nocifs, ou par une altération des équipements de sécurité et de contrôle des aliments.
• Qualité des aliments - des aliments de mauvaise qualité peuvent également nuire aux consommateurs, ce qui a un impact sur la réputation de la marque et sur les ventes.
•Défense alimentaire - les chaînes de production mal protégées et la technologie des chaînes de production augmentent le risque que les « acteurs de la menace » (terme neutre désignant une personne ou une organisation qui cause intentionnellement des dommages dans la sphère numérique) réussissent à contaminer ou à altérer les produits.
La dépendance à l’égard des appareils IdO peut créer des maillons faibles dans le réseau d’une organisation, qui sont facilement exploitables.
Bien qu’ils simplifient et accélèrent souvent les processus essentiels, plusieurs de ces derniers reposent sur des systèmes existants qui, à leur tour, peuvent dépendre de systèmes d’exploitation obsolètes. Même s’ils fonctionnent bien, ces composants peuvent être plus vulnérables aux attaques. C’est pourquoi leur surveillance, leur sécurisation et leur mise à jour peuvent contribuer à éviter une cyberattaque et à protéger le système alimentaire.
Les effets d’une cyberattaque
Qu’une cyberattaque vise à perturber la production d’un pays, comme l’ont montré les attaques récentes aux États-Unis, ou qu’elle ait pour but d’extorquer de l’argent avec un rançongiciel, les conséquences peuvent être graves.
Ruptures de stock
Le vol, l’exposition au public, la corruption ou la perte de données, la manipulation ou la falsification de données sont autant d’impacts potentiels, mais les effets secondaires peuvent être inattendus.
De nombreuses organisations doivent se rabattre sur des opérations manuelles, ce qui réduit considérablement leur rendement. C’est ce qu’illustre l’attaque par rançongiciel de la laiterie Hood Dairy, dans le New Hampshire aux États-Unis, qui a privé les écoles de tout le pays de lait pendant plusieurs jours.
Qualité des aliments compromise
Outre les ruptures de stock, il convient de garder à l’esprit d’autres conséquences potentielles d’une cyberattaque. La dégradation de la qualité des aliments pourrait être l’une des principales préoccupations.
Il y a eu de nombreux exemples d’acteurs de la menace ciblant le système de contrôle industriel (SCI) d’une organisation et contaminant des aliments avec des agents chimiques afin qu’ils se gâtent et provoquent des maladies ou pire, nuisant à la réputation et causant des dommages financiers en conséquence.
L’Organisation mondiale de la santé estime qu’environ une personne sur dix (600 millions de personnes dans le monde) sera victime d’un aliment contaminé par des agents chimiques, des bactéries ou des virus. Ils estiment également que 420 000 personnes, par ailleurs en bonne santé, en mourront chaque année.
Investir dans la cybersécurité, c’est non seulement protéger les données personnelles et garantir les revenus, mais c’est aussi assurer la santé et la sécurité des consommateurs du monde entier.